
Le Winamax Poker Open, pour la première fois organisé dans l’hexagone, au prestigieux Casino Grand Cercle d’Aix-les-Bains (Savoie), s’est achevé ce dimanche après six jours de compétition. À cette occasion, nous avons eu la chance d’interroger Julien Sitbon (membre du Team Pro Winamax) et Stéphane Matheu (coach mental et manager du Team) à propos des championnats du monde de poker qui se sont déroulé plus tôt dans l’année.
Les WSOP, la Coupe du monde du poker
Chaque été, Las Vegas se transforme en capitale mondiale du poker. Les World Series of Poker (WSOP) attirent des milliers de joueurs venus du monde entier, professionnels comme amateurs, tous guidés par le même rêve : décrocher un bracelet (récompense accordée à chaque gagnant d’un tournoi), symbole ultime de réussite dans ce milieu. Pour Julien Sitbon, membre de la Team Winamax depuis plusieurs années, ce rendez-vous est devenu le point culminant de sa saison.
« Cela fait maintenant sept ou huit ans, mis à part les années Covid, que je participe aux WSOP chaque été, et toujours sur toute la durée du festival (55 jours). C'est vraiment intense, nous sommes constamment en compétition. Pour la Team et pour moi, c’est l’événement principal de l’année. Les WSOP, ce sont les championnats du monde : c’est l’équivalent de jouer la Coupe du monde de football. »
Pour Stéphane Matheu, coach et manager de l’équipe, c’est le moment où se concrétise le travail d’une saison entière.
« Chaque été, à Las Vegas, c’est le rendez-vous annuel, qui se conclut par le Main Event, le plus gros tournoi du monde. Tout le monde rêve d’aller loin et d’y signer un résultat. Pour n’importe quel joueur de poker, c’est une destination incontournable, et ça l’est encore plus quand tu es professionnel et que tu représentes une marque. »
En 2025, la Team Winamax a brillé avec deux bracelets, plus de 6 millions de dollars de gains et surtout la table finale historique de Léo Margets, seulement la deuxième femme de l’ère moderne à atteindre ce stade mythique. « Vivre ce parcours aux côtés de Léo, c’était indescriptible », confie Stéphane.
JOUEUR | VICTOIRES | TF | ITM | GAINS |
---|---|---|---|---|
João Vieira | 1 | 3 | 7 | 3 248 852 $ |
Leo Margets | 1 | 2 | 1 561 240 $ | |
Adrián Mateos | 1 | 1 | 6 | 510 701 $ |
Mustapha Kanit | 6 | 253 910 $ | ||
Julien Sitbon | 12 | 143 799 $ | ||
Davidi Kitai | 7 | 106 570 $ | ||
Romain Lewis | 6 | 73 495 $ | ||
Sam Jakubowicz | 2 | 72 006 $ | ||
Gus Hansen | 3 | 38 430 $ | ||
Pierre Calamusa | 3 | 27 595 $ | ||
Bruno Lopes | 2 | 17 294 $ | ||
Alexane Najchaus | 2 | 3 760 $ |
« Cette année, on s'est vraiment rapproché avec Léo, avec toutes les vibrations et les émotions que cela comporte. Ça a été ultra-suivi par le monde entier pour ce qu'elle représentait et ce qu'elle incarnait : une femme qui a atteint la table finale. La dernière, c'était il y a 30 ans et c'était à l'époque où il y avait 300 joueurs ; aujourd'hui, il y en a 10 000. Elle arrive 7e après 9 jours de jeu. C'était des émotions incroyables, un parcours fabuleux. »
Préparation millimétrée et mental de sportif
Pour tenir la distance, Julien a adopté une discipline quasi athlétique. Quelques semaines avant le festival, il ajuste son alimentation, dort mieux, fait du sport chaque matin et s’impose une routine mentale stricte. « Pour moi, c’est une préparation de sportif de haut niveau »
« Avec Stéphane Matheu, on bossait depuis le début de l'année. Quand j’ai fini l'année 2024, j'étais un peu fatigué, ils ont annulé un grand événement en janvier/février, il y avait un énorme vide dans le calendrier avec deux mois très calmes, et je me posais des questions… On a mis en place des choses, on a bossé pour que je sois prêt et en forme au WSOP, mentalement, techniquement, physiquement. »
Le retour d’expérience est très positif puisque Julien estime les périodes de fatigue, de frustration et d’égarement très faible par rapport aux autres années.
« Généralement, on a des moments où on fait des petites erreurs, avec de la frustration et de la fatigue qui se génère...Cette année, je pourrais l’estimer à 3-4 % de mon festival, là où parfois ça peut être 10, 15 ou 18 %. C'est relativement important. En 2025, c'était minime. »
À ses côtés, Stéphane joue un rôle clé : fixer des objectifs, mettre en place des routines, travailler sur la gestion du stress et des émotions. « Chaque joueur a ses besoins, explique-t-il. Avec Julien, on a commencé dès janvier un plan détaillé pour arriver prêt physiquement et mentalement à Vegas. »
Entre régularité et frustration
En 2023, Julien Sitbon signe le plus gros gain de sa carrière avec plus de 400 000 $ lors des WSOP, quelques jours après, il décroche un bracelet online pour 176 000$. « Ce n’est pas le même prestige qu’un bracelet live (en physique), reconnaît-il, mais ça reste une fierté énorme. Disons que cela a atténué la frustration d’avoir fait 2ᵉ quelque jours plus tôt. » En 2025, il bat son record de places payées avec 15 ITM (in the money), sans pour autant décrocher de titre.
« C’est très positif en termes de régularité, Puisque 15 ITM sur 35 à 40 tournois, c’est beaucoup. Il y a pas mal de performances où j’ai fait 30ᵉ, 18ᵉ, 12ᵉ, 7ᵉ qui sont des places très frustrantes, puisqu’elles ne paient pas assez par rapport à ce qu’on peut gagner. On sait qu’au poker, il faut être dans le top 3 ou top 5 pour gagner beaucoup d’argent, c’est là que tu fais l’écart important qui peut te faire réussir ton année. Dans l’ensemble, c’est une des années où j’ai été le plus solide. C’est très positif dans le sens où j’ai gagné de l’argent. Tout le monde ne ressort pas gagnant de Vegas, c’est assez rare. J’ai joué de gros montants sur des tournois très chers, 25 000 $, des tournois à 10 000 $. Ce sont des risques pris au niveau financier, et au final, je finis gagnant, donc j’en suis vraiment content. »
Pour Stéphane, ces hauts et ces bas font partie intégrante du métier : « Le poker est un sport de variance. Tu peux jouer parfaitement et perdre pendant des mois. Ce qui est très paradoxal au poker, c’est que les joueurs pro se font éliminer à 90% sur une bonne décision… Mon rôle est d’aider les joueurs à l’accepter, à rester concentrés sur ce qu’ils contrôlent. »
Véritable fil conducteur entre des personnalités et des styles de jeu très différents, il accompagne les joueurs sur le long terme, avec un suivi régulier, mais sait aussi intervenir ponctuellement, comme il l’a fait avec Léo Margets lors de son incroyable parcours jusqu’à la table finale du Main Event 2025.
« Avec Léo, il y a eu un vrai accompagnement qui s’est mis en place un peu au dernier moment, puisqu’on s’est retrouvé à habiter dans la même résidence. On se retrouvait tous les matins pour prendre le café ensemble dans mon appart et bosser de manière très rapprochée. Chaque jour, on faisait un brief avec Léo, et ça durait entre 30 minutes voire 1h30 parfois, selon ce dont elle avait besoin et ses envies… »
Ce qui est fabuleux, c’est qu’on a filmé pour Dans la tête d’un pro avec Léo, on aura toutes les images, toutes les histoires donc ce sera une saison incroyable.
Présent en coulisses comme sur le terrain, il sert d’appui constant aux membres du Team Pro, qu’il s’agisse de fixer des objectifs, de travailler le mental, ou simplement d’offrir une oreille attentive dans les moments de doute. Stéphane Matheu est celui qui veille à ce que chaque joueur, au-delà des résultats, se sente soutenu et compris dans une compétition aussi exigeante que les WSOP.
L’envers du décor
Derrière les paillettes, Julien décrit une réalité plus rude : « Sur Hendon Mob, on voit que j’ai gagné plus de 4 millions, mais ce sont des gains bruts. Personne ne voit les buy-in dépensés (montant d'argent nécessaire pour s'inscrire à un tournoi). Tu peux avoir des mois euphoriques suivis de périodes de creux très dures à vivre. Le nombre de joueurs pro qui font des années en perte, c'est énorme ! »
À 42 ans, il gère sa carrière comme une entreprise, avec une bankroll (capital qu'un joueur consacre exclusivement à son activité de poker) et une rigueur financière stricte, pour éviter de “broke” (tout perdre). « Si il y a 1% de joueurs gagnant au poker, c'est déjà beaucoup… »
L’isolement est un autre défi, Julien reconnaît que ce mode de vie a un prix : « J’habite à Londres, mais je voyage sans cesse. Résultat : je n’ai pas vraiment d’amis à Londres, et je vois rarement mes amis qui vivent en France... »
« Parfois, les joueurs pros délaissent complètement la partie sociale pour se consacrer au jeu. Quand tout va bien, quand tu gagnes, ça ne pose pas de problème : tu profites de ton succès, tu voyages, tu vis à fond. Mais le jour où tu entres dans une période de creux, c’est une autre histoire. Il n’y a plus grand monde autour pour t’aider, et ça peut vite devenir sombre. J’ai vu des joueurs se perdre, parce qu’ils n’avaient rien en dehors du poker. C’est pour ça que je fais attention à garder un équilibre, même si ce n’est pas toujours évident. »
C’est précisément ce type de fragilités que Stéphane cherche à anticiper dans son travail de coach. Dans son livre “Vous avez les cartes en main”, il partage ses méthodes de gestion du stress et de la performance, nourries par quinze ans d’expérience et d’anecdotes du poker ou du sport de haut niveau.
« L’idée, c’était d’essayer de transmettre ma vision de la performance et du coaching mental, de manière générale et de tout regrouper dans un livre. Je me suis dit que je voulais trouver une accroche un peu originale et différente. J’ai donc essayé d’aborder ma vision globale de la performance, à travers des petites histoires. En commençant par des anecdotes de poker, parce que c’est ce que je fais depuis 15 ans, mais aussi des récits des maîtres du sport, comme Federer, Michael Jordan, des figures que tout le monde connaît. Et enfin des anecdotes de mon propre parcours. Ça permet d’expliquer pourquoi je pense comme je pense. Voilà, c’est un peu un recueil d’histoire vécues qui amène des concepts de coaching, de performance mentale globale. »
Partager, transmettre
Malgré la compétition, Julien choisit de jouer la carte de la transparence, notamment dans la série “Dans la tête d’un pro”, le show phare de Winamax ou on peut voir les joueurs du Team Pro expliquer tout leur “thinking process” main par main lors des plus gros tournois. « C’est toujours un dilemme de cacher certaines choses pour ne pas donner d’indices à mes adversaires, mais j’ai préféré être authentique. Sinon, ça n’aurait aucun intérêt. »
« J’ai pris le parti de dire ce qui me venait, de ne pas me restreindre, surtout que j’ai eu un tournoi compliqué, je n’ai pas eu beaucoup de jeu, il n’y avait pas beaucoup de coups très intéressants. Si à ce moment-là, je décide, en plus, de ne rien donner, c’est catastrophique pour le show et pour le plaisir. Donc, j’ai essayé d’être moi-même et de dire ce que je ressentais. »
Stéphane, de son côté, a trouvé dans l’écriture une autre façon de transmettre. « J’ai voulu éviter le livre de développement personnel classique. J’ai construit le mien à travers des anecdotes, du poker, du sport, et de mon parcours. Les retours que j’ai reçus sont incroyables. »
Entre l’ambition individuelle de Julien Sitbon et la vision collective de Stéphane Matheu, les WSOP apparaissent dans toute leur complexité : une compétition d’endurance, faite de joie, de frustrations, de discipline et de résilience. Plus qu’un festival de poker, c’est un révélateur de personnalités et une aventure humaine où chaque coup joué compte, mais où l’esprit d’équipe peut faire toute la différence.
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